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| Bref exposé de ma démarche artistique |
| Ma démarche artistique procède de l’appropriation du geste d’écriture. Cette démarche d’écriture est marquée par la thématique de la circularité, qui s’exprime dans tout le cycle du vivant. C’est un aspect récurrent dans l’élaboration de mes œuvres. Je puise aux sources de l’imaginaire collectif principalement dans les répertoires ethnographiques, archéologiques et philosophiques. Mon écriture a un caractère intuitif plutôt que littéraire. Elle tient lieu de réflexion sur ma démarche de création, comme un rituel privé mais à la fois marqué par l’universalité. Les mots sont pour moi des ouvertures, des objets mobiles, des objets intuitifs introduisant du silence parce qu’ils proposent des espaces de réflexion par où la pensée peut dériver, avoir prise ou s’échapper.
Je privilégie le dessin et l’estampe dans tout son vocabulaire technique dans un esprit de continuité. Ces deux approches de travail se nourrissent de la présence de la matrice, où le geste et la trace se combinent, où l’aléatoire intervient, où l’empreinte relève du toucher et se développe dans un rapport à la trace comme témoin aveugle de l’agir. L’écriture se traduit par l’emprunt de sens inscrits dans la matière de cette matrice qui prend parfois la forme d’un volume ; le dessin se fait parfois trace photographique, se lit souvent en strates superposées ; il arrive que l’œuvre se propose sous forme de livre où image et texte prennent la parole. Le travail à partir d’une matrice constitue une part marquée par l’intégrité au sens d’entièreté, sans repentir, sans correction. Au cœur de la matrice, tout est à la fois marqué par le temps et ouvert sur de multiples avenues. Je soumets cette matrice à des processus de transformation successifs, jamais elles ne sont achevées. Ce sont des espaces ouverts sur une lecture intime du regard, où présence et absence s’interpellent, où geste et matière se confrontent, s’accumulent, se fusionnent. De ces empreintes, je tente de saisir la mouvance, la temporalité, l’humanité, la vulnérabilité, la fragilité de la relation d’être, la précarité du lien à la vie, à l’action créatrice. Ces préoccupations sont les sujets qui m’habitent au quotidien et se manifestent dans le caractère poétique de mon écriture, que je traduis par le noir, presque toujours. Maculatures. Noir d’encre. Noir d’ombre. Noir d’écriture. Lier et confronter le sensible et l’essentiel, provoquer le hasard, accepter l’incertitude et l’inachevé ; saisir cette mouvance présente dans le geste de création, où chaque œuvre est une alternative à la précédente. le geste traverse l’espace la main saisit l’empreinte révèle Madeleine Samson |